Chap. I :
L'étrangeté quantique
« Ce qui est conçu par la Loi du temps
a toujours son point faible… »
Platon le Karuna[1] A partir du roman policier d’Alain Connes, Danye Chéreau et Jacques Dixmier Le Théâtre quantique. L’horloge des anges ici-bas, nous pénétrons les arcanes de la physique quantique incompréhensible au commun des mortels. Qu’est notre espace-temps et y a-t-il un au-delà de la matière dense ? Le big bang accepté par nombre de physiciens et de mathématiciens est-il autre chose qu’une hypothèse ?
La science profane échappe-t-elle au dogmatisme qui la réduit à une nouvelle religion avec ses sectarismes, ses lourdeurs et ses inquisiteurs ?
La vulgarisation scientifique programme les cerveaux aux nouvelles croyances tandis que les progrès d’une robotique déshumanisée deviennent de plus en plus inquiétants.
1 - Analyse du roman
Le Théâtre quantique.
L’horloge des anges ici-bas,
un roman policier passionnant
dans l’univers magique
de la physique quantique[2]…
Difficile à cerner, la scène de ce Théâtre puisque ce n’est rien moins que le CERN, le Conseil européen pour la Recherche nucléaire !
L’héroïne, Charlotte Dampierre est chercheuse de très très haut niveau et traque là, non pas le simple Boson de Higgs, mais le Big Brother des Bosons, le Big Broson !
Une panne imprévue la pousse à partir dans sa ville natale, Venise, où elle est déstabilisée par une expérience effrayante qui ne peut s’expliquer que par un phénomène quantique surprenant… Au cours du long voyage de retour au CERN, elle va avoir une intuition géniale qu’elle va devoir expérimenter. La panne providentielle et le changement de Direction qu’elle entraîne vont mettre à sa disposition la puissance de tous les ordinateurs du CERN et par eux de tous les ordinateurs du monde pour tenter une expérience clandestine impossible et impensable…
Cette chercheuse est aussi très belle, et c’est une séductrice de très très haut niveau dans le milieu des chercheurs !
Il lui faut, au cours de dialogues passionnants, se faire expliquer et préciser bien des connaissances par maints collègues spécialistes qu’elle n’a pas de mal à séduire, et pas seulement par sa très grande finesse intellectuelle… Ses conversations initient le lecteur à quantité de notions quantiques dont personne, pas même les plus savants, ne peut dire avoir la toute compréhension…
Mais, quelques jours après son retour au CERN, on retrouve son cadavre au pied de l’énorme détecteur Atlas, dans la galerie souterraine, avec une aiguille creuse figée dans son cerveau…
La suite ? Stupéfiante !
Qu’est le temps ? Et qu’est une horloge quantique ? La relativité restreinte ? La relativité généralisée ? Et qui est l’assassin ?
Les mathématiciens Alain Connes (professeur au Collège de France) et Jacques Dixmier (mathématicien « pur »), et le littéraire Danye Chéreau ont dû faire preuve d’une grande complicité pour étourdir et passionner le lecteur avec talent, imagination et humour, en l’entraînant dans un monde quantique enchanté où le tic-tac de l’horloge quantique dévoile le mystère du temps…
2 - Quelques bases pour situer
la relativité restreinte et la relativité généralisée
« La relativité restreinte est la théorie formelle élaborée par Albert Einstein en 1905 en vue de tirer toutes les conséquences physiques de la relativité galiléenne et du principe selon lequel la vitesse de la lumière dans le vide a la même valeur dans tous les référentiels inertiels, ce qui était implicitement énoncé dans les équations de Maxwell (mais interprété bien différemment jusque-là, avec « l'espace absolu » de Newton et l'éther).[3] »
« La théorie de la relativité restreinte a établi de nouvelles formules permettant de passer d'un référentiel galiléen à un autre. Les équations correspondantes conduisent à des prévisions de phénomènes qui heurtent le sens commun (mais aucune de ces prévisions n'a été infirmée par l'expérience), un des plus surprenants étant le ralentissement des horloges en mouvement, qui a permis de concevoir l'expérience de pensée souvent appelée paradoxe des jumeaux. Ce phénomène est parfois utilisé en science-fiction.[4] »
« La relativité générale est une théorie relativiste de la gravitation, c'est-à-dire qu'elle décrit l'influence sur le mouvement des astres de la présence de matière et, plus généralement d'énergie, en tenant compte des principes de la relativité restreinte. La relativité générale englobe et supplante la théorie de la gravitation universelle d'Isaac Newton qui en représente la limite aux petites vitesses (comparées à la vitesse de la lumière) et aux champs gravitationnels faibles.
La relativité générale est principalement l'œuvre d'Albert Einstein, dont elle est considérée comme la réalisation majeure, qu'il a élaborée entre 1907 et 1915. Les noms de Marcel Grossmannn et de David Hilbert lui sont également associés, le premier ayant aidé Einstein à se familiariser avec les outils mathématiques nécessaires à la compréhension de la théorie (la géométrie différentielle), le second ayant franchi conjointement avec Einstein les dernières étapes menant à la finalisation de la théorie après que ce dernier lui en eut présenté les idées générales dans le courant de l'année 1915.
La relativité générale énonce notamment que la gravitation n'est pas une force, mais la manifestation de la courbure de l'espace (en fait de l'espace-temps), courbure elle-même produite par la distribution de l'énergie, sous forme de masse ou d'énergie cinétique, qui diffère suivant le référentiel de l'observateur. Cette théorie relativiste de la gravitation prédit des effets absents de la théorie newtonienne mais vérifiés, comme l'expansion de l’univers, ou vérifiables, comme les ondes gravitationnelles et les trous noirs. Elle ne permet pas de déterminer certaines constantes ou certains aspects de l'univers (notamment son évolution, s'il est fini ou non, etc.) : des observations sont nécessaires pour préciser des paramètres ou faire des choix entre plusieurs possibilités laissées par la théorie.
Aucun des nombreux tests expérimentaux effectués à ce jour (2011) n'a pu la mettre en défaut. Toutefois, des questions restent sans réponse : principalement sur le plan théorique, comment la relativité générale et la physique quantique peuvent être unies pour produire une théorie complète et cohérente de gravité quantique ; et sur le plan des observations astronomiques ou cosmologiques, comment concilier certaines mesures avec les prévisions de la théorie (matière noire, énergie sombre).[5] »
3 - Propos sur l’Espace-Temps
et la Relativité
L’homme contemporain occidentalisé a actuellement l’obsession mentale du temps et de la chronologie.
Certes, il y a un temps psychologique propre à chacun, mais des mathématiciens ont montré pourquoi le temps passe plus vite pour une personne âgée que pour un jeune. A 70 ans, une année représente 1/70e de l’existence passée alors que pour un jeune de 20 ans elle ne représente que 1/20e.
Cependant, le temps est mesuré par les mêmes horloges qui en égrènent les secondes pour tous, avec des unités de mesure qui se rapportent au seul mouvement de la terre autour du soleil.
Quelle approche avons-nous du temps ? Le futur et le passé incertains
Les scientifiques ont vu leur conception du temps bousculée par la théorie de la relativité qui les oblige à des révisions déchirantes : le temps dans l’univers microscopique s’avère fort différent du temps dans l’univers macroscopique. Pour l’observateur de la physique des particules, « Il se pourrait que l’écoulement du temps soit un phénomène émergent dont la racine plus profonde se trouve dans la variabilité spécifique, échappant à tout contrôle, des phénomènes quantiques, autrement dit dans l’aléa du quantique.[6] »
Quel jargon de spécialiste ! Mais passons !
Comment comprendre l’écoulement du temps lorsque l’on est emporté par son courant ? Déjà voir que les peuples peuvent avoir une approche différente du passé et du futur.
« La langue aymara est parlée par environ 2 millions de personnes vivant dans la cordillère des Andes, au Chili, en Bolivie et au Pérou. Elle possède une particularité linguistique unique au monde : leur vision du temps est inversée par rapport à la nôtre !
Le temps est-il de nature spatiale ?
Dans les autres langues l’individu, l’ego, voit le temps futur devant lui ; c’est une conception métaphorique puisque nous disons : “l’heure de la rentrée approche” en voyant le futur venir à nous, ou bien “nous approchons de la rentrée” en allant vers l’avenir situé devant nous.
“En aymara, en effet, le mot “devant” (nayra) est aussi l’expression utilisée pour désigner le passé alors que le mot “derrière” (qhipa) sert pour le futur. Par exemple, nayra mana, - devant année – signifie “l’année passée” et qhipa pacha “derrière temps”, le temps futur.[7] ”
Les Aymaras pensent-ils de cette manière ? “pour des raisons grammaticales complexes, il est impossible de dire, par des méthodes linguistiques, si les expressions données plus haut sont définies par rapport à l’ego ou non.[8]”
Par contre la gestuelle montre que oui : “d’après leurs gestes, la position du locuteur coïncide avec le présent, comme chez un anglophone ou un francophone. En revanche, à l’inverse de ces derniers, l’espace situé derrière le locuteur correspond au futur et celui placé devant au passé.[9] ”
Leur vision du temps est l’inverse de la nôtre !
Pour eux, ce qui est vu, et donc connu, est devant eux et c’est le passé. L’exemple donné par l’auteur est : “ma mère a préparé la soupe, je l’ai vue ; le passé est vu devant moi.”
Il faut faire face aux ancêtres, et seul le passé est source de connaissance et d’inspiration. Le futur n’est jamais évoqué pour prendre une décision. La notion de progrès n’a pas de sens. D’où la patience, voire la passivité, de ce peuple :
“Les Aymaras peuvent attendre des heures le camion qui les emmènera au marché, et ce sans rien faire d’autre.[10] [11] »
Nous avons là une première relativité quant aux notions de passé et de futur !
La relativité quantique a bouleversé les notions de passé et de futur, semant un trouble profond chez beaucoup de physiciens. Peut-être mettra-t-elle tout le monde d’accord… Mais comment le mental pourrait-il s’y retrouver lorsque « le quantique nous prédit non seulement un futur incertain, mais aussi un passé incertain ![12]», c’est-à-dire l’altération possible du passé ? Chacun sait que notre mémoire mentale est bien aléatoire et qu’elle oblitère ou déforme les souvenirs qu’elle enregistre.
Einstein faisait des « exercices de pensée », avec d’autres en dehors de toute expérimentation : l’expérience était menée mentalement dans son déroulement logique. Une physique théorique se développa ainsi dont les équations mathématiques devaient ensuite être confirmées par les faits.
L’ignorance est grande quant à ce qui est au-delà du physique, le métaphysique qui est nié a priori par beaucoup, bien que certains, dont Max Born, professeur de physique théorique, et Einstein également, ont pu être accusés par certains collègues d’avoir des théories métaphysiques.
4 - La physique quantique,
ses diverses interprétations
et le rôle des « expériences pensées ».
Qu’est une théorie, une hypothèse, une « expérience pensée » telle que la concevait Einstein ?
Dans ses expériences de pensée, Einstein proposait une expérience imaginaire, théorique, qu’il menait mentalement, tirant les conclusions rationnelles par la raison logique, et les expériences concrètes physiques étaient ensuite réalisées pour valider l’hypothèse mise en œuvre. Le contraire en quelque sorte de l’expérimentation traditionnelle qui précède la conclusion.
Chez les physiciens, les incompréhensions furent très grandes entre les tenants de diverses théories. La physique de Newton était devenue, au début du XXe siècle, un dogme intangible, inébranlable dans le mental de nombre de savants. Mais les coups de boutoir de la nouvelle physique allaient la mettre à mort, ceux de la physique des quantas (pluriel de quantum, en latin, signifiant “la plus petite mesure”) : ces paquets d’énergie indivisible qu’un oscillateur pouvait émettre ou absorber.
Les entêtements et les doutes perdurèrent longtemps chez beaucoup. L’intelligence mentale n’est pas la sagesse qui constate que ce monde est celui, au mieux, de l’illusion, et au pire de l’illusoire. Lorsque l’Allemand Max Plank, le père de la physique quantique dont la constante h joue un grand rôle dans la théorie des quanta, arriva à sa célèbre conclusion prédisant l’existence du quantum, il « crut pouvoir se débarrasser du quantum tel qu’il se révélait. Ce n’est que bien plus tard qu’il comprit l’ampleur des conséquences de ce qu’il avait réalisé. Ses tendances conservatrices profondément enracinées l’incitèrent toutefois à essayer pendant presque une décennie à incorporer le quantum dans le cadre de la physique existante.[13] ».
Le Danois Niels Bohr eut beaucoup de mal à imposer sa physique théorique et à édifier une mécanique matricielle qui puisse interpréter la mécanique quantique, la nouvelle théorie physique de l’univers atomique et subatomique proposée par Albert Einstein. Mais les conséquences de ces prédictions furent le plus souvent vérifiées par ses assistants ou par d’autres physiciens comme l’Allemand Sommerfeld et l’on parla alors de l’atome Bohr-Sommerfeld.
Dans l’une de ses « expériences de pensée » avec Bohr, Einstein fut donc confronté à la conclusion suivante : « la mécanique quantique implique une incertitude sur les événements passés entièrement analogue à l’incertitude sur le futur[14] ! »
Les ego ne cessèrent jamais de s’affronter dans les congrès de scientifiques ou de mathématiciens ! Einstein cherchera longtemps à contredire cette conclusion qui sous-tend la théorie de Bohr. Il aurait dit : « Cette théorie me rappelle un peu le système d’illusion d’un paranoïaque excessivement intelligent, concocté à partir d’éléments de pensées incohérents.[15] »
En vain ! Bien avant Bohr, Einstein vit s’ouvrir un gouffre : « C’était comme si le sol s’était dérobé sous nos pieds, sans aucune fondation visible nulle part où l’on eût pu construire.[16] » Il ébaucha alors sa fameuse théorie en reprenant en amont la recherche de Plank, et redécouvrit alors le quantum de lumière. Ce paquet d’ondes n’était plus une onde mais avait un parcours discontinu…
Einstein « avait beaucoup de mal à vivre avec le quantum et la nature duelle de la lumière.[17] » Cette découverte enfreignait toute la physique connue, mais elle était vérifiée sans équivoque possible par l’expérimentation. Et Robert Millikan, prix Nobel en 1923, connu pour ses travaux de précision sur la valeur de la charge de l’électron et l’effet photoélectrique, parlant de l’équation d’Einstein, de dire : « La théorie physique sur laquelle se fonde cette équation est totalement intenable[18] », mais les faits sont là !
David Bohm pensait « que la matière et la conscience, le temps, l’espace et l’univers ne représentent qu’un ‘clapotis’ infime par rapport à l’activité immense du plan sous-jacent, qui, lui-même, provient d’une source éternellement créatrice située au-delà de l’espace-temps.[19] » Il chercha longtemps à rejeter les affirmations de Niels Bohr et à trouver une contre-théorie ; il « proposait une interprétation qui était “non locale”, exigeant la transmission instantanée de “forces mécaniques quantiques”.[20] » Einstein, lui, cherchait désespérément en vain un grand principe et non quelque expédient insatisfaisant !
Il faudra attendre les expériences du Français Alain Aspect. Il conduisit le premier test concluant portant sur l’un des paradoxes fondamentaux de la mécanique quantique, le paradoxe Einstein-Podolsk-Rose, pour « mettre en évidence que les prédictions de la mécanique quantique ne peuvent être reproduites par une théorie causale de variables cachées, et que la mécanique quantique est fondamentalement non locale.[21] » Ainsi le « lien fantôme » est conservé si deux particules sont placées dans des champs magnétiques, à l’écart de toute interaction : l’information donnée à l’une d’elles par une troisième particule est instantanément reçue par la seconde, d’où cette dénomination, aveu d’incompréhension.
John Bell énonça un théorème qui mettait en scène une « variable cachée :« La particule a une trajectoire bien définie déterminée par les valeurs précises de la position et de la vélocité qu’elle possède à tout instant donné, mais que le principe d’incertitude “cache” en empêchant un expérimentateur de la mesurer.[22] » Ce qui excluait l’hypothèse de David Bohm.
Au vrai, personne ne comprend la physique quantique ! Et le philosophe allemand Gotthold Lessing de conclure : « L’aspiration à la vérité est plus précieuse que l’assurance de sa possession.[23] »
Einstein aspirait à la vérité. A sa mort, son corps fut incinéré, à l’exception qu’il n’avait pas prévue, de son cerveau qu’on voulait étudier pour voir ce qu’il avait de spécial ! Mais la question se pose : est-ce le cerveau qui pense ?
« Quelle malédiction que la pensée. On croit la concevoir avec le cerveau, alors qu’en réalité elle fait du cerveau ce qui lui plaît, et elle est plus indépendante qu’aucun être vivant.[24] » Malédiction certes lorsqu’elle vient de formes-pensées le plus souvent déviées qui naissent dans le cerveau.
Il est nécessaire de bien réfléchir à ce que nous appelons intelligence : « Il y a en l’homme une intelligence cérébrale et une intelligence innée, dite “du Cœur”, qui résulte du cofondement par identité de la nature de la Cause cosmique, contenue dans la matérialisation, avec cette même cause en nous.[25] » Dans la première, nos sens sont à l’œuvre, enregistrant les faits et, à partir de là, définissant des notions et des concepts. La seconde est essentielle, c’est pourquoi, dans l’imagerie chrétienne, les saints et saintes céphalophores marchent avec la tête coupée qu’ils tiennent bien en main au niveau du Cœur.
Pour l’Instructeur du Verseur d’Eau : « Les Capacités mentales sont le Reflet du Ciel en vous.[26] » Rappel est fait de la Transcendance, chaque Planète devant faire l’Unité avec son Ciel pour vivre l’harmonie.
Simplement, si le cerveau produit des pensées, les Idées pures viennent du Plan Mental, « le plan de “l’Imagination créative” [27]», un plan qui reste inconnu du chercheur, bien que celui-ci l’influence malgré lui ! Il convient de faire la différence essentielle entre le cerveau et le Plan Mental. « Le Mental a un Pouvoir de Réceptivité et de Réalisation, de Capteur et de Donneur, action Epicentrique et Gnomocentrique, incomparable.[28] »
5 - Ce qui est découvert
peut scandaliser le découvreur :
l’étrangeté quantique
Ce que l’on découvre est souvent déconcertant, et pas seulement dans les sciences physiques, encore plus lorsqu’on « touche » au métaphysique. Comme l’hypothèse du chat de l’Autrichien Schrödinger, étonnant exercice de pensée, que nous avons abordé dans l’e chapitre « Science profane et Science initiatique ».
Le Grand Roman de la physique quantique de Manjit Kumar[29] retrace aussi toutes les batailles d’ego entre chercheurs, leur course à la reconnaissance par le prix Nobel ou d’autres colifichets ! Que de mesquineries, de jalousies et d’étroitesses d’esprit. Certains ne peuvent admettre que leurs hypothèses soient contredites par des expériences renouvelées et s’attachent au pouvoir qu’ils ont pour barrer la route à toute ouverture sur un ailleurs qu’ils ne peuvent comprendre !
La mécanique quantique est-elle une approche de l’au-delà de l’espace-temps ?
Mais déjà, qu’en est-il de la frontière entre le monde dit microscopique et le monde dit macroscopique ? Nous sommes dans une évidente dualité !
Dans le courant de l’année 2012, le Groupe de Physique Appliquée (GPA) dirigé par le Suisse Nicolas Gisin parvint à montrer que « l’étrangeté quantique qui semblait confinée au monde de l’infiniment petit » pouvait être transposée à des objets macroscopiques[30]. Deux cristaux colorés de la taille d’un morceau de sucre se sont comportés comme deux particules : étant intriqués « ils ont désormais exactement le même état quantique, il suffira dorénavant de mesurer l’état du cristal vert pour être informé de celui du rouge, même s’ils se trouvent séparés.[31] »
Nicolas Gisin a réalisé des expériences de « téléportation quantique » démontrant que deux objets (deux photons, par exemple), même s'ils sont éloignés de plusieurs kilomètres l'un de l'autre, peuvent former une seule entité. Et d’affirmer « En téléportation quantique, on ne téléporte pas tout l’objet, mais seulement son état quantique.[32] »
Si « Dieu ne joue pas aux dés », comme le pensait Einstein, en récusant le hasard, on peut voir que, quand il en donne l’impression, il agit de manière bien plus subtile que tout ce qu’on peut imaginer !
Après la mort d’Einstein, Bohr déclara :« Il nous a donné une image du monde dont l’unité et l’harmonie surpassent les rêves les plus audacieux du passé.[33] »
Et le physicien Serge Haroche qui a trouvé les moyens de tester les lois de la décohérence quantique, de dire, dans « Notre but : manipuler les photons sans les détruire » : « C’est un vrai défi de présenter le monde subatomique avec les mots du quotidien[34] ».
L’homme de science touche aux limites du possible dans les présupposés qu’il s’impose. Un paradoxe cède la place à un autre… D'où un sentiment d'incomplétude lorsqu'on atteint, croit-on, ses limites. A moins de suivre le conseil que prodigue le Yi King de "ne pas mettre de limites à nos limitations".
Faut-il bâtir une théorie mathématique sur des faits physiques observés ou bien construire a priori une théorie mathématique abstraite par une « expérience pensée » pour ensuite en rechercher les vérifications concrètes ? La chose cherchée, surtout dans le domaine subatomique, est perturbée par le fait d’être observée.
Le chercheur finit souvent par trouver… ce qu’il cherche ! Et qui ne convient pas à ses idées arrêtées.
Ainsi, dans un autre domaine, les astrophysiciens trouvent-ils actuellement des trous noirs depuis qu’ils sont à la mode des hypothèses, sans que l’on sache au vrai ce qu’ils sont : « les trous noirs sont l’Univers poussé dans ce qu’il a de plus extrême. Ils permettent de tester nos théories les plus fondamentales telles que la gravité. Ils sont si denses qu’ils déforment la toile de l’espace-temps au point que toutes les règles de physique qui régissent notre quotidien en sont chamboulées.[35] »
Chacun rêve son monde, fait part de ses révélations et passe à côté de l’Essentiel, découvrir qu’il n’y a que lui qui crée son monde, son espace-temps par la compréhension qu’il en a. Beaucoup de physiciens ont une compréhension limitée et sécurisante qu’ils n’arrivent pas à remettre en cause, même lorsque des contradictions leurs sont prouvées par les faits, ou lorsque les faits les déçoivent, contredisant leur théorie !
« C’est la théorie qui décide ce que nous pouvons observer[36] », pensera Heisenberg, l’un des fondateurs de la mécanique quantique, avant d’aboutir au « principe d’incertitude » qui énonce que, pour une particule massive donnée, on ne peut pas connaître simultanément sa position et sa vitesse.
Déjà, à l’échelle individuelle, chacun crée l’Espace fini dans lequel il vit ; s’il le fait consciemment, en lien avec l’Espace infini qu’il réduit, il fera retour à celui-ci qui lui donnera un nouvel Espace fini, mais différent voire élargi. Si par contre l’Espace fini est créé par soi en dehors de tout lien avec l’Espace infini, alors son Espace fini dégénère en contre-nature[37].
[1] -
L’Instruction du Verseur d’Eau,
op. cit., p. 423.
[2] - Voir en annexe, pour la compréhension des théories en jeu : « Quelques bases pour situer la relativité restreinte et la relativité généralisée ».
[3] Encyclopédie Wikipedia, Internet.
[6] - Alain Connes, Danye Chéreau, Jacques Dixmier,
Le Théâtre quantique, Odile Jacob, 2013, p. 11.
[7] - « Le passé devant soi », R. N.,
La Recherche n° 422, septembre 2008, p. 47.
[12] -
Le Théâtre quantique,
op. cit., p. 51.
[15] - Cité par Manjit Kumar,
Le Grand Roman de la physique quantique. Einstein, Bohr… et le débat sur la nature de la réalité, Flammarion, 2012, p.10.
[19] -
Dieu et la science,
op. cit., p. 49-50.
[21] -
Le Théâtre quantique,
op. cit., p. 55.
[22] -
Le Grand Roman de la physique quantique, op. cit., p. 471.
[24] - Gustav Meyrink,
Le visage vert, p. 25.
[25] - R. A. Shwaller de Lubicz,
Propos sur ésotérisme et symbole, Ed. Dervy, 1993, p. 11.
[26] - Platon le Karuna,
Reflets du Ciel, Editions de la Promesse, 2009, p. 13, en note.
[27] -
L’Instruction du Verseur d’Eau,
op. cit., p. 435.
[30] - Aza Khalathari, « Deux cristaux unis pour la Vie »,
Sciences et Avenir, mars 2013, p. 50.
[33] -
Le Grand Roman de la physique quantique, op. cit., p. 461.
[34] -
Sciences et Avenir, mars 2013, p. 56-57.
[35] - Kelly Holley-Bockermann, astrophysicienne, Interview :« L’Univers poussé dans ce qu’il a de plus extrême »,
Sciences et Avenir, décembre 2012, p. 54.
[36] -
Le Grand Roman de la physique quantique, op. cit., p. 331.
[37] - Voir Platon le Karuna,
Le Livre du Silence, Editions de la Promesse, 2011, p. 40.